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LE MONDE du 07.09.2004
Envoyés spéciaux : Yves Bordenave et Pascal Ceaux
Devant l'université d'été de l'UMP, le ministre des finances s'est installé
dans un tête-à-tête public avec le chef de l'Etat. Affichant une confiance
rétablie avec l'Elysée, il a revendiqué sa liberté de parole envers le
gouvernement. Cette nouvelle donne affaiblit encore le premier ministre.
Entre Jacques Chirac et lui, il n'y aura plus d'intermédiaire. Désormais quasi-président
de l'UMP, Nicolas Sarkozy a clairement affiché, ce week-end devant les militants
et les dirigeants du parti majoritaire, qu'il conçoit son rôle dans un
tête-à-tête avec le président de la République.
"J'aiderai Jacques Chirac à faire de ce quinquennat une réussite pour la
France", a-t-il ainsi lancé, samedi 4 septembre, à la tribune de
l'université d'été de l'UMP - sans citer une seule fois, dans un discours d'une
heure et demie, le nom du premier ministre... Qu'importe qu'il se soit ensuite
rendu, dimanche matin, à Morzine pour un petit-déjeuner de circonstance avec
Jean-Pierre Raffarin, puis qu'il l'ait accompagné jusqu'à Avoriaz, pour partager
avec lui les applaudissements : au terme de cette première prise de pouvoir du
parti chiraquien par M. Sarkozy, la place du chef du gouvernement dans le
dispositif majoritaire s'est encore réduite.
Entre un parti soudain revigoré, dont le nouveau chef souhaite se faire "le porte-parole des Français", et un président de la République contrôlant tous les leviers institutionnels, M. Raffarin n'a plus guère d'espace que pour appeler à la "loyauté", à "l'union" et au "respect des engagements" de M. Chirac. Mais le rappel insistant de ses propres qualités - "comme chef du gouvernement, comme chef de la majorité, chacun pourra compter sur ma loyauté" - et les avertissements qu'il a lancés, dimanche, sur le thème : "La déloyauté, c'est 'échec", sonnaient étrangement,
quelques jours après l'accord scellé à l'Elysée, le 1er septembre, entre le chef de l'Etat et M. Sarkozy. (... lire tout l'article)
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