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Francophonie
Tunisie : la journée
qui a fait tomber Ben Ali
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters
Mis à jour le 14.01.2011, 23h01
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Un portrait de
Ben Ali
à Tunis.AFP/FETHI BELAID
Un mois de
manifestations ont fini par faire vaciller
vingt-trois ans
d"un règne sans partage. Au terme d"une ultime
journée d"émeutes particulièrement violentes à Tunis, le président tunisien Zine
El-Abidine Ben Ali a fini par quitter le pays, vendredi 14 janvier. La radio
privée tunisienne Nessma a annoncé dans la soirée l"arrestation de son gendre et
d"autres membres de sa famille. (Revivez le
déroulement de la journée
heure par heure).
La destination de Ben Ali était toujours incertaine, vers 21
heures. Selon des informations du "Monde", un avion en provenance de
Tunisie s"est posé au Bourget vers 19 h 30, transportant une fille et une
petite-fille de M. Ben Ali accompagnées d"une gouvernante. Un second avion
arrivant à vide a été invité à ne pas atterrir sur le sol national. Un troisième
avion était également en route pour Paris. Au plus haut niveau de l"Etat
français, on indique ne pas souhaiter la venue de M. Ben Ali en France.
Le ministère des affaires étrangères a assuré "n"avoir reçu
aucune demande d"accueil" du président tunisien en fuite et examinerait
toute éventuelle requête "en accord avec les autorités constitutionnelles
tunisiennes".
Selon i-Télé,
Nicolas Sarkozy
aurait refusé au président tunisien l"accès au sol français. Selon la chaîne de
télévision Al Jazira, l"avion présidentiel, refoulé de la France, se dirigeait
vers un pays du Golfe. La chaîne Al-Arabiya le donne en partance vers le Qatar.
Ghannouchi, chef d"Etat par intérim
Le premier ministre, Mohamed
Ghannouchi, assure depuis vendredi l"intérim
de la présidence avec le soutien de l"armée. "Conformément à l"article 56 de
la Constitution, j"assume provisoirement à partir de cet instant la charge de
président par intérim", a annoncé M. Ghannouchi à la télévision. Il s"est
également engagé à respecter la Constitution et a appelé "les Tunisiens
toutes sensibilités politiques et régionales confondues à faire preuve de
patriotisme et d"unité".
L"agence officielle précisé, plus tard dans la soirée,
qu"un décret signé par Zine El
Abidine Ben
Ali avant son départ le désigne président. Le recours à l"article 56 est
contesté par des juristes qui relèvent qu"il se réfère à "un empêchement
provisoire du président de la République", ce qui pourrait laisser supposer
que M. Ben Ali n"a pas renoncé définitivement au pouvoir.
Le nouveau président a également annoncé qu"il "rencontrera
[samedi] les représentants des partis politiques afin de former un gouvernement
qui, je l"espère, répondra aux attentes."
Vendredi, jour d"insurrection
Un manifestant à Tunis, vendredi.AP/Christophe
Ena
Acculé par la pression de la rue, Ben Ali avait fini par
promettre, jeudi soir à l"occasion de son troisième discours depuis le début des
troubles, de
quitter le pouvoir
à l"issue de son mandat, en 2014. Insuffisant, pour ses opposants. Les
manifestations hostiles au pouvoir ont pris de l"ampleur et ont dégénéré
vendredi dans le centre de Tunis et dans plusieurs villes de province.
Alors que des blindés étaient déployés devant le ministère de
l"intérieur, de violents heurts ont opposé des manifestants et des policiers
anti-émeutes.
es émeutes ont pris de l"ampleur,
vendredi, à Tunis.AP/Hedi
Ben Salem
L"envoyée spéciale du Monde a décrit des
"scènes
inimaginables il y a encore quelques jours".
Les manifestations – qui ont rassemblé plusieurs milliers de personnes – se sont
également déroulées à
Sidi Bouzid,
Regueb, Kairouan et Gafsa.
Le bilan des affrontements est incertain, mais plusieurs
témoins, dont l"envoyée spéciale du Guardian, ont entendu
des coups de feu
dans les rues de la capitale et ont raconté avoir vu des policiers poursuivre
des civils jusque sur le toit des immeubles. La situation semblait relativement
calme à Tunis dans la soirée, mais des tirs d"armes automatiques ont été
entendus. Jeudi soir, treize civils auraient été tués par des tirs des forces de
l"ordre, à Tunis et dans sa banlieue, selon des sources médicales.
Plusieurs centaines d"émeutiers se sont également
attaqués aux
domiciles de la famille Trabelsi, du nom de
Leïla Trabelsi,
la femme du chef de l"Etat tunisien.
Etat d"urgence
Des blindés avenue Mohamed V, à Tunis,
vendredi.AFP/FETHI BELAID
Le gouvernement a annoncé avoir décrété l"état d"urgence dans
l"ensemble du pays avec un couvre-feu s"étirant de 17 heures à 7 heures du
matin, l"interdiction des rassemblements sur la voie publique et l"autorisation
donnée à l"armée et à la police de tirer sur tout "suspect" refusant
d"obéir aux ordres.
Le gouvernement limogé
BENSEMRA
Dans l"après-midi, Ben Ali avait annoncé le limogeage de son
gouvernement et l"organisation d"élections législatives anticipées dans six mois,
"dans le cadre de mesures [d"apaisement] annoncées jeudi".
L"aéroport sous le contrôle de l"armée
L"armée a pris, en fin d"après-midi, le contrôle de l"aéroport
international de Tunis-Carthage, et l"espace aérien a été officiellement fermé
alors des milliers de touristes européens étaient rapatriés.
Aux alentours de 16 h 30, un important convoi officiel, composé
d"une dizaine de véhicules aux vitres teintées, avait quitté en trombe le palais
de Carthage, dans la banlieue nord de Tunis, en direction de l"aéroport
international. Un peu plus tôt dans l"après-midi, deux avions Falcon blancs
s"étaient envolés de ce même aéroport de Tunis-Carthage.
La France déconseille tout voyage
lacrymogènes.REUTERS/ZOHRA BENSEMRA
La compagnie Air France a annulé jusqu"à nouvel ordre tous ses
vols à destination de Tunis ainsi que les sept vols prévus au départ de
l"aéroport tunisien samedi et dimanche d"une capacité totale de quelque mille
cent passagers.
Le ministère des affaires étrangères français, dans une
actualisation vendredi de son
site Internet,
conseille désormais "vivement" aux personnes se rendant en Tunisie de
"différer tout voyage qui n"aurait pas un caractère d"urgence" dans ce pays.
L"ambassadeur tunisien à l"Unesco démissionne
Refusant de "cautionner l"évolution de la situation",
l"ambassadeur tunisien à l"Unesco,
Mezri Haddad,
a
annoncé
vendredi en début d"après-midi sa démission sur le plateau de BFMTV. Le Monde
reproduit
la lettre
de démission qu"il a envoyée au président Ben Ali.
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