JMG Le Clézio, les racines mauriciennes du nouveau Prix Nobel
AFP - Jeudi 9 octobre 2008
Dominique CHABROL
Issu d"une famille partie chercher fortune à
Maurice, dans l"Océan indien, au 18e siècle, JMG Le Clézio a puisé une partie de
son inspiration dans son roman familial. « La France est ma patrie d"élection
pour la culture, la langue, mais ma petite patrie, c"est l"Ile Maurice, le lieu
le plus proche de moi. Quand j"arrive là-bas, j"arrive chez moi », a-t-il
souligné.
PARIS (AFP) - JMG Le Clézio, nouveau lauréat français du prix
Nobel de littérature, a rendu hommage jeudi à sa « petite patrie », l"Ile
Maurice, d"où est originaire sa famille et qui habite une partie de son oeuvre.
Détenteur de la double nationalité, française et mauricienne, Le
Clézio est aussi le premier écrivain mauricien distinguée par l"Académie
suédoise.
« Je suis à moitié Mauricien, j"ai deux nationalités. C"est
aussi pour l"Ile Maurice que je suis content de ce prix », a-t-il déclaré devant
la presse peu après l"annonce de sa consécration par le jury du Nobel.
Issu d"une famille partie chercher fortune à Maurice, dans
l"Océan indien, au 18e siècle, JMG Le Clézio a puisé une partie de son
inspiration dans son roman familial. « La France est ma patrie d"élection pour
la culture, la langue, mais ma petite patrie, c"est l"Ile Maurice, le lieu le
plus proche de moi. Quand j"arrive là-bas, j"arrive chez moi », a-t-il souligné.
S"il préfère le roman aux livres de mémoires, l"écrivain a
souvent évoqué son histoire familiale. Le procès-verbal (1963), son
premier roman et premier grand succès, a pour toile de fond l"histoire de son
arrière-grand-père, « chef juge » à Maurice.
En 1985, c"est sur l"Ile Maurice qu"il situe l"action du
Chercheur d"or. Une île rêvée où les enfants jouent dans les splendides
décors naturels de « l"enfoncement du Boucan ». Mais la dureté des rapports
sociaux, le clivage entre riches et pauvres, viendront bientôt rompre cette
harmonie.
L"écrivain, qui se livre peu, entretient en revanche dans ses
livres le souvenir d"une famille voyageuse. L"Africain (2004) raconte
l"histoire de son père, un Anglais né à Maurice devenu médecin en
Afrique, où
l"écrivain a passé une partie de sa jeunesse.
Ritournelle de la faim, son
dernier livre, paru début octobre, est enfin centrée sur l"histoire de sa mère,
Simone (Ethel dans le roman), rentrée en France dans les années 1930, où elle
assiste notamment à la première du Boléro de Ravel.
JMG Le Clézio y évoque « ce milieu des Mauriciens blancs -
propriétaires, commerçants, entrepreneurs" qui "tournait en circuit fermé, avec
une certaine illusion aristocratique parfois contradictoire : il s"agissait de
gens qui avaient dû se battre, travailler dur et qui avaient eux-mêmes souffert
de la morgue des classes supérieures ».
Adolescent de l"après-guerre, il sera, dit-il, « choqué » par le
conformisme de ses « aînés immédiats ». Mais à la révolte des premières années
succèdent une certaine sérénité et ses racines mauriciennes, comme les récits
qu"il consacre à l"Afrique ou à l"Amérique latine, contribuent à donner à son
oeuvre son aspect universel.
A Maurice, où l"écrivain retourne régulièrement, l"attribution
du prix Nobel à Le Clézio a été saluée comme « la consécration d"un grand
humaniste ». L"écrivain a évoqué pour sa part jeudi à Paris, le combat de l"Ile,
dont l"anglais est la langue officielle, « pour maintenir la langue française ».
Le Nobel de littérature à Le Clézio, « explorateur de
l"humanité »
AFP - Jeudi 9 octobre 2008
Par Francis KOHN
STOCKHOLM (AFP) - L"écrivain français Jean-Marie Gustave Le
Clézio a reçu jeudi la consécration du Nobel de littérature pour
une oeuvre dominée par les thèmes du voyage, de l"exil
et de la nostalgie des mondes primitifs.
L"Académie suédoise a expliqué dans ses attendus avoir
récompensé avec Le Clézio « l"écrivain de la rupture,
de l"aventure poétique et de l"extase sensuelle, l"explorateur d"une humanité
au-delà et en-dessous de la civilisation régnante ».
Le Clézio, 68 ans, était considéré depuis des années comme un
lauréat potentiel et son nom circulait avec insistance cette fois-ci dans les
cercles littéraires suédois.
L"Académie suédoise n"a pas donné d"autres raisons à son choix
mais il est évident que l"auteur de Désert avait de nombreux appuis parmi
des académiciens sensibles à son idéalisme et ses critiques de la civilisation
matérialiste.
Connu en
Suède où
plusieurs de ses romans sont traduits, J.M.G. Le Clézio avait reçu en juin
dernier le prix littéraire suédois Stig Dagerman qui lui sera remis le 25
octobre à Stockholm. Le romancier refera le voyage le 10 décembre pour venir
chercher son Nobel.
« Je suis très ému et très touché », a-t-il dit dans une
interview en français à la radio publique suédoise. « C"est un grand honneur
pour moi », a-t-il ajouté.
Les derniers lauréats français sont l"écrivain d"origine
chinoise Gao Xingjian en 2000 et Claude Simon, grande figure du Nouveau roman,
en 1985.
Né le 13 avril 1940 à Nice, dans le sud de la France, d"une
famille émigrée à l"Ile Maurice au 18e siècle, Jean-Marie Le Clézio est
considéré comme un des maîtres de la littérature francophone contemporaine. Son
écriture est classique, simple mais raffinée, colorée.
Il a reçu entre autres le prix Renaudot en 1963 pour son ouvrage
Le procès-verbal. Il était alors âgé de 23 ans.
Influencé au début par le nouveau roman, Le Clézio va évoluer
vers une littérature plus spirituelle avec une attirance pour les thèmes du
paradis perdu.
« Le point central de l"oeuvre de l"écrivain se déplace de plus
en plus en direction d"une exploration du monde de l"enfance et de sa propre
histoire familiale », note l"Académie dans son communiqué.
Il évoque notamment la figure de son père, un médecin de brousse
anglais, dans l"Africain (2004). Son ouvrage précédent, Révolution (2003),
traitait des grands thèmes de son oeuvre, l"exil, le conflit des cultures et les
ruptures de la jeunesse.
Le romancier a beaucoup voyagé depuis sa jeunesse, Etats-Unis,
Thaïlande en
tant que coopérant,
Mexique et a
été employé dans les années 70 par l"Institut d"Amérique latine en Amérique
centrale.
J.M.G Le Clézio a notamment écrit La fièvre, L"extase
matérielle, Terra amata, Le livre des fuites, La guerre,
Désert (peut-être son chef d"oeuvre), Le chercheur d"or,
Onitsha, Etoile errante, Le poisson d"or, Révolutions,
Ourania et, en 2008, Ritournelle de la faim.
Marié et père de deux filles, il vit à Albuquerque dans l"Ouest
des Etats-Unis mais vient souvent à Nice et dans sa maison bretonne de la baie
de Douarnenez.
Ce nomade n"est pas un ermite. Il est notamment membre du jury
d"un des prix littéraires les plus célèbres en France, le Renaudot.
En couronnant Le Clézio, le Nobel de littérature a confirmé sa
prédilection pour la littérature européenne. Au cours des 20 dernières années,
les écrivains européens dominent largement et c"est à la romancière britannique
Doris Lessing que le prix avait été décerné l"année dernière.
Le Clézio recevra un chèque de 10 millions de couronnes
suédoises (1,02 million d"euros).
Deux autres Français ont reçu cette année un Nobel, les
chercheurs Luc Montagnier et Françoise Barré-Sinoussi en médecine pour leurs
recherches sur le virus du sida.
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